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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 22:56
Voila maintenant 5 mois que je suis remise en continuité. Je commence donc à avoir un peu de recul sur ce que pourra être ma vie dans le futur, et je commence à voir clair sur les préoccupations du malade en transition, sur les idées reçues, sur les on-dit, entendus et lus ici et là.

Comme bilan au bout de 5 mois, je dirais "pas trop mal". La vie n'est pas toute rose, mais elle n'est pas si terrible que je me la suis représentée.

Voyons les questions une à une.

- L'incontinence.

Ma première grosse inquiétude. Vais-je pouvoir contenir mes selles maintenant qu'elles sont liquides, et fréquentes ? Mes sphincters vont ils réapprendre rapidement leur rôle ? Surtout après neuf mois de repos ?

Ma réponse : OUI !  Heureusement. Les premiers temps, peut être les deux premiers mois, j'avais encore des fuites, en particulier des fuites nocturnes. Je portais alors des serviettes hygiéniques, par précaution. Parfois elles étaient souillées, parfois non. Puis de moins en moins. Aujourd'hui, il y a encore quelques accidents, mais ils se raréfient.

Pourtant, il y a quelques années, j'ai subi une sphinctérotomie, pour fissures anales... On aurait pu attendre un moins bon résultat.

Pas de couches, plus de serviettes, et pas de tâches ! Soulagement !

- La fréquence des selles

Voila une autre préoccupation essentielle du malade en transition. Combien de fois par jour vais-je devoir occuper le petit coin ?

Il faut bien noter que lorsque le colon et le rectum, et donc la maladie, étaient encore là, cette question ne se posait pas, puisque les besoins étaient si impérieux et si fréquents qu'ils donnaient l'impression d'occuper toute la journée, et toute la nuit ! Vingt fois, trente fois par jour... Toutes les heures, toutes les demi heures...  Là, maintenant, tout de suite...

Et soudain, on s'interroge. Combien de fois ? Comment ?

Pour ce qui me concerne, la première semaine suite à ma remise en continuité, j'allais aux wc environ 5 fois par jour. En effet, à l'hôpital, on est peu nourri en post opératoire, donc, le transit est léger.

En rentrant à la maison, on s'alimente davantage, donc le transit est plus important.

Durant le premier mois, 10 à 15 fois, dont deux à trois selles nocturnes.

Puis j'ai pris un ralentisseur de transit (Imodium®) avec chaque repas.

Cela a réduit considérablement mes besoins : 6 à 8 fois par jour, dont une nocturne.

Et puis, peu à peu, le nombre se réduit. Aujourd'hui, j'en suis entre 3 et 5 par jour. Parfois une la nuit, parfois pas. Et je réduis le ralentisseur de transit à 1 ou 2 par jour.

Attention, ce résultat n'est pas celui d'absolument tous les jours. Il m'arrive régulièrement encore d'avoir des épisodes de diarrhée, qui augmentent considérablement le nombre de selles. Mais je crois qu'ils s'espacent et ne durent que 24 à 48h.

Surtout, le plus important est que les besoins ne sont jamais aussi urgents que lorsque la maladie rongeait.

On contrôle ses besoins plus ou moins bien selon les jours, mais il est possible de patienter entre une demi heure et deux heures entre la manifestation de l'envie et le moment où l'on va effectivement aux toilettes.

Ainsi, j'ai pu traverser la France en voiture au mois d'août, à J + 3 mois, presque sans dérangement (et quand je dis traverser, je veux dire la France d'un bout à l'autre, soit 1300 km !)

Par contre, il est évident qu'on passe aux toilettes assez longtemps à chaque fois. Le problème est qu'on n'a plus vraiment la sensation "d'avoir fini". Il y en a toujours encore à éjectere. Il faut alors se faire violence pour sortir. Puis au bout de quelques minutes, on se sent  mieux.

Pour ce qui me concerne, je trône entre 10 et 30 minutes à chaque fois, le plus longtemps étant le soir, puisque j'évacue alors le transit de toute la journée, et je prends davantage mon temps alors.

Je crois néanmoins que depuis peu, ces sensations de "jamais fini" s'estompent...

- La consistance du transit

Là faut pas se leurrer, les selles sont liquides. Très liquides au début, puis plus pateuses, selon ce qu'on mange, et selon son état général.

Ceci s'explique par le fait que l'organe chargé d'absorber l'eau des aliments et donc de mouler les selles en charmants petits boudins, soit le colon, n'est plus là... Il parait qu'à la longue l'iléon prend le relai. Je n'en suis pas encore à ce stade...

Par ailleurs, on retrouve, avec la continuité le plaisir des gaz ! C'est assez douloureux, surtout au début, car il arrive que l'air des intestins "ne trouvent pas le bon chemin" pour sortir. On sent alors comme des crampes, comme l'aérophagie qu'on pouvait avoir avant l'opération, mais située plus haut dans le ventre.

La solution : les anti-spasmodiques. J'en prenais systématiquement 6 par jours. Ca allait bien. J'ai diminué, mais je réaugmente régulièrement quand les gaz sont trop douloureux, ou trop nombreux.

Autre solution : DEGAZER ! Facile, quand on est aux toilettes... Facile aussi quand on a son colon... beaucoup plus difficile en post opératoire... Difficile de différencier ses besoins et les gaz... Mais ca vient, petit à petit. Après trois mois, on arrive à distinguer presque à tous les coups. Aujourd'hui, plus d'accidents !

Par contre, la position est aussi particulière par rapport à la vie d'avant... Pour moi, c'est allongée sur le dos, les genoux repliés sur le ventre. Seul moyen pour évacuer (désolée pour les détails terre à terre, mais on est là pour ca, aussi !)

- L'irritation anale

Voila un désagrément réel et assez difficile à gérer... L'absence de colon implique que les selles sont acides au moment de d'expulsion... et l'anus n'est pas constitué des mêmes tissus résistants que l'intestin. Donc très vite, il est irrité. Très irrité. Ça brûle, ça pique, ça démange, on se gratte jusqu'au sang... c'est vraiment horrible. LES PREMIERS TEMPS.

Pour ce qui me concerne, ça a duré 5 semaines. Cinq semaines vraiment difficiles à passer, car plus on va aux toilettes, plus on s'irrite, et plus c'est difficile d'aller aux toilettes...

Dans un premier temps, on conseille d'utiliser seulement des onguents, des crèmes pour érythèmes fessiers du nourrisson. Ça soulage un peu.

Je couplais ce traitement avec des bains de siège, à l'eau froide, sans savon, ou très peu de savon de Marseille, après chaque selle. Vingt minutes minimum à chaque fois...

Mais il arrive un moment où l'efficacité de ces trucs et astuces devient insuffisante. Alors, le médecin m'a prescrit une crème corticoïde qui a été très efficace en quelques jours seulement ! Pourquoi ne me l'avait on pas donnée AVANT !!?? Toujours ce problème de la prise en charge de la douleur du patient...

Bref, depuis cet épisode, je gère. Plus de brûlures quotidiennes. L'anus s'est habitué, ou les selles se sont adoucies. J'ai encore parfois quelques brûlures, mais rien de comparable avec la première période. Et quand c'est trop douloureux, deux ou trois jours de crème corticoïde et tout va mieux !


- Le régime alimentaire

Il était hors de question que je change mes habitudes alimentaires. Je suis trop gourmande, j'ai été trop privée durant les périodes de poussée de RCH.

Après un mois de régime sans résidu strict, j'ai réintroduit les aliments peu à peu. Les légumes cuits, et les fruits cuits, puis les fruits crus mûrs, puis les légumes crus...

Aujourd'hui, je n'ai aucun régime alimentaire. Je mange de tout et presque à volonté. Des légumes, des fruits, des épices, des fritures.

Bien sûr, j'adapte les quantités et les combinaisons d'aliments en fonction de mon état du jour. J'accompagne les crudités de féculents. Le jour où je me sens moins bien, je préfère un yaourt à une pêche, et des pâtes à des carottes râpées.

Mais globalement, je mange des crudités à tous les repas, et au moins un fruit par jour, voire deux.

On m'a conseillé de manger léger le soir pour être tranquille la nuit. Je préfère faire un repas normal et convivial  le soir quitte à me lever une fois la nuit. Une question de choix.

Je ne veux rien m'interdire, et je ne m'interdirai rien. Je me suis conditionnée ainsi depuis le premier jour... Et j'y arrive, peu à peu !

Par contre il y a deux nouvelles obligations suite à la chirurgie : boire beaucoup d'eau, et manger salé.

En effet, le colon n'étant plus là, l'eau des aliments est rejetée dans des quantités beaucoup plus importantes qu'avant, et l'eau contient les sels nécessaires au bon fonctionnement du corps... alors, je sale deux fois mes aliments, et je bois entre 1.5 et 2 litres d'eau par jour (eau, thé, jus de fruit, soda...) C'est important, pour protéger le système rénal. Faudrait pas faire en plus une insuffisance rénale après "l'insuffisance colique" !

- La vie sexuelle

Je n'ai pas encore expérimenté la vie sexuelle depuis la continuité.

Hormis les rapports anaux qui sont strictement interdits après la chirurgie, et qui le resteront, il parait que l'on peut avoir une vie sexuelle normale...

C'est assez effrayant d'imaginer stimuler la zone péri-anale. N'a-t-on pas alors une envie sérieuse d'aller aux toilettes ? Je suis un peu bloquée par rapport à cela... quel homme acceptera de tenter avec moi l'aventure ? L'avenir nous le dira !

Je ferai une mise à jour quand j'aurai testé...

Ceci dit, j'attends avec impatience de lire vos expériences !

- La surveillance

Des prises de sang régulières sont nécessaires, pour vérifier le niveau des sels minéraux en particulier le sodium et le potassium. J'ai fait deux carences en potassium, au point que j'ai dû être hospitalisée, car une hypokaliémie est dangereuse pour le coeur... tout autant d'ailleurs qu'une hyperkaliémie... Alors... surveillance, surveillance...

- Les troubles inexpliqués.

Il persiste 5 mois après l'intervention des problèmes inexpliqués, propablement liés à tous ces chambardements qui ont eu lieu à l'intérieur... Nausées, vomissements intempestifs, sub occlusion intestinale...

Heureusement, ces troubles s'estompent d'eux mêmes en quelques heures, en quelques jours, mais ils sont tout de même bien là pour me rappeler que j'ai été gravement malade, et que ce n'est pas encore complétement du passé...


En conclusion, ma vie après la remise en continuité, c'est quelques contraintes, mais une meilleure qualité de vie qu'avant la maladie, et une bonne qualité de vie, tout court.
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19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 23:02
Mon Cher Intestin,

Voici exactement un an jour pour jour, heure pour heure que tu a été entaillé, que l'on t'a sauvagement découpé, déplacé, tordu, retordu, extériorisé, cousu...

Voici exactement un an jour pour jour, heure pour heure que tu es parti pour une nouvelle vie, sereine, sans spasmes, sans crises de panique, sans douleur, et sans hémorragie.

Voici exactement un an jour pour jour, heure pour heure que le début de la fin de mes souffrances a commencé.

Je ne suis pas encore complètement sur pied, mais je sais que tu fais de ton mieux pour t'adapter et pour me permettre d'appréhender la vie, à nouveau.

Mon Cher Intestin, je n'avais pas, avant que tu ne sois entammé dans ton entité, considéré à quel point tu étais important pour moi, à quel point j'avais besoin de toi, et à quel point tu me permettais de vivre.

Alors, Cher Intestin, merci de bien vouloir poursuivre tes efforts et t'adapter encore et encore, jusqu'à me rendre une vie normale, tout à fait normale.

Joyeux anniversaire mon Cher Intestin. J'ai confiance en toi.

Merci d'avance.

Ton Audrey.
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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 14:08
Une grosse angoisse après la seconde  opération : l'étape suivante... C'est bête à dire, mais on a presque envie que l'échéance n'arrive pas. Finalement, on s'est acclimaté à la poche. On a une vie presque normale avec : on sort, on bouge, on mange ce qui nous fait plaisir sans restriction aucune, on est encore en convalescence alors on dispose de beaucoup de temps libre...

On s'est enfin crée un équilibre, après tant de souffrances, tant de restrictions et d'appréhension, et voila qu'on veut bouleverser ce nouvel état par un retour à la vie d'avant, je veux dire, avec une évacuation naturelle de ses selles, par l'anus quoi, assis sur son trône, et en contrôlant le moment.

C'est très difficile à admettre que finalement, on se complait avec la poche. Quand le gastro-entérologue m'avait averti de cela, je lui avais répondu "non non ! pas moi, c'est sûr ! Moi, je voudrai l'enlever au plus vite ! quitte à passer mes journées aux toilettes ! " En fait non, j'étais comme les autres et j'avais peur de quitter un certain confort retrouvé.

Peur, parce qu'on m'avait prévenu que les début de la remise en continuité étaient très aléatoires.

Je savais que les premiers temps, le nombre de selles était très important, qu'elles étaient irritantes, car très liquides et très acides... je m'imaginais être cloîtrée à la maison pendant plusieurs mois... je ne pensais plus qu'avant d'être opérée, je sortais, malgré mes besoins multiples et intempestifs. A présent, ça me paraissait insurmontable.

Et puis comment allais-je me lever pour aller aux wc alors que j'aurai le ventre tout endolori de l'opération ?

Est ce que ça allait saigner ? est ce que je pourrai retravailler ? quand ? est ce que j'allais maîtriser mon corps, enfin ? est ce que j'allais faire une pochite ? Quand ? qu'est ce que cela impliquerait ?

Je trouvais au moment de la visite de contrôle avec mon chirurgien, que je n'avais pas bien cicatrisé. En effet, alors même que j'étais stomisée, j'allais aux toilettes plusieurs fois par jour pour évacuer de l'eau, légèrement teintée de rouge. Du sang dilué. Et on devait m'opérer cinq jours plus tard !

La radio de contrôle pour vérifier la cicatrisation du réservoir n'était pas trop lisible...

Ha ça ! Faut que je le raconte ! La radio de contrôle !
"C'est très important mademoiselle, que je voie cette radio avant que je vous opère. Vous allez dans n'importe quel cabinet de radiologie, ils feront ça très bien".

Me voila donc avec mon ordonnance, en face du radiologue.

Vraisemblablement, il n'avait pas vu de stomie depuis très longtemps.

Le but du jeu était d'introduire par la stomie une sonde afin de faire passer dans le tube digestif le liquide de contraste.

Une catastrophe ! Le radiologue n'arrivait pas à faire passer la sonde. C'est moi qui l'ai fait ! Le liquide blanc s'est répandu partout sur la table de radio au fur et à mesure qu'il était censé entrer en moi... "Tournez vous sur le ventre" slurp slurp, du liquide partout sur moi, sur mes fringues, sur la table...

 Tant bien que mal, on a pris les clichés. Puis on a retiré la sonde. Evidemment, le toubib n'a pas protégé la stomie, qui immédiatement s'est mise à cracher partout du liquide souillé... Très vite, je me débrouille pour recoller une poche. Catastrophe, le support s'était remouillé entre temps. La poche n'a pas adhéré. Et je n 'en avais qu'une de rechange !! L'horreur ! J'ai du appeler mon père pour qu'il m'apporte du matériel et des vêtement de rechange. J'ai attendu un quart d'heure dans la salle de radio et j'ai regretté alors amèrement de ne pas être allée dans un service spécialisé !

Tout ça pour lire sur le compte rendu "le réservoir n'a pas été visible" !! Et le radiologue de dire que ce n'était pas grave, qu'on allait certainement m'opérer quand même ! Tu parles ! C'était le plus important le réservoir !

Résultat : le chirurgien m'a annoncé qu'il allait m'endormir comme prévu, le 28 avril 2008, et faire lui même la radio. Dilater en cas de besoin, et selon ce qu'il aurait vu, décider de m'opérer ou de me réveiller.

Je fus opérée le 28 avril et tout se passa pour le mieux.
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3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 14:38
Mardi soir, je suis allée au restaurant, après avoir passé la journée à l'hôpital pour des examens complémentaires.

Deux éléments positifs sont ressortis de cette journée :

Durant toute la journée à l'hôpital, j'ai tout à fait pu retenir mes envies d'aller à la selle. Je n'y suis allée qu'une fois après déjeuner.

J'ai mangé ce qui me faisait plaisir le soir au resto. J'ai commencé par une salade marocaine, à base de tomates crues non pelées, concombre et poivrons grillés, assaisonné avec de la coriandre. J'ai ensuite pris un tajine d'agneau accompagné de semoule et abricots et raisins secs, pour finir avec un tajine de fruits frais, légèrement caramélisés et saupoudrés d'amandes. Des crudités, du gras et des fruits frais... rien de compatible avec le régime sans résidu un peu morose qui est conseillé dans le post-opératoire.

Parce que quand on n'a plus son côlon, la fonction d'absorbsion de l'eau des aliments doit être reprise par l'intestin grêle et ceci prend du temps. C'est la raison pour laquelle les médecins invitent les patients opérés à éviter les aliments qui produisent trop de matières à évacuer, comme les crudités, les fruits... et à privilégier le riz, les pâtes et les pommes de terres. Sauf qu'au bout de deux mois, y'en a marre du riz et des pâtes...

Je m'attendais donc à passer la nuit aux toilettes, et j'étais prête à payer ce prix pour pouvoir me faire plaisir. Hé bien non ! J'y suis allée à 1h en rentrant, puis une deuxième fois à 2h, et puis plus rien jusqu'au lendemain 8h ! Je n'ai pas eu de brûlures, pas trop de diarrhées, pas de spasmes.

Finalement, je ne suis peut-être pas si loin de reprendre une vie presque normale... Espoir...
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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 11:02

Je me rends compte aujourd'hui que je n'ai même pris le temps d'expliquer la chirurgie que j'ai subie.

Il s'agit d'une colo-proctéctomie avec anastomose iléo-anale.

Colo-proctéctomie : ablation du colon dans son intégralité et du rectum.
Anastomose iléo-anale (AIA) : raccordement par une suture de l''extrémité de l'intestin grêle à l'anus.

Comment cela se passe ?

Dans un premier temps, on retire le colon.  J'ai eu la chance de bénéficier d'une intervention par coelioscopie, ce qui limite les cicatrices. Je sais que parfois, c'est impossible et qu'il faut alors ouvrir le ventre de part en part.  On abouche alors l'iléon à la peau sur le ventre, (stomie ou anus artificiel). Les selles s'évacuent alors par cet endroit, et le rectum et l'anus sont mis "hors circuit'. On pose alors une poche, qu'il faudra apprivoiser. L'intervention dure 4 à 5 heures.

Dans un deuxième temps, on retire le rectum. L'acte est délicat car le rectum est souvent "collé" aux autres organes, et il faut alors disséquer, sans endommager la périphérie. Il faut ensuite confectionner un réservoir qui aura vocation à recevoir les selles et les conserver un peu, pour éviter d'avoir des écoulements continus.

Il y a plusieurs façons de faire, mais pour ce qui me concerne, j'ai bénéficier d'un réservoir en J. On a replié l'intestin grêle sur lui même pour lui donner une forme de J ; on l'a agrafé de façon à l'élargir et à lui donner une contenance convenable et ensuite, on l'a abouché à l'anus. L'anastomose iléo-anale est réalisée. Néanmoins, il est nécessaire de le laisser cicatriser avant de donner au réservoir  toutes ses fonctions. On a donc réalisé une autre déviation de l'intestin grêle, sur la peau du ventre, un peu plus haut sur l'intestin. En fait on réalise une sorte de pont avec le tube digestif, que l'on perfore au niveau du ventre, pour que les matières puissent s'évacuer.

J'ai également subi cette intervention sous  coelioscopie. Pour cet acte aussi, il est parfois nécessaire d'ouvrir le ventre de part en part.

L'intervention dure 5 à 6 heures.

Dans un troisième temps, on remet en continuité. L'expression est un peu erronée puisque la continuité a déjà été faite lors du deuxième temps opératoire. On veut dire que l'on retire la stomie, et que le patient retrouve le mode normal d'évacuation de ses besoins, c'est à dire assis sur des toilettes ! Le chirurgien rebouche le tube digesetif ouvert, et coud la partie du ventre par laquelle les selles s'évacuaient.

Cette intervention dure trois quarts d'heure à une heure.

Pour les avoir vécues, je peux dire que ce sont des opérations lourdes, et fatigantes, même la dernière que l'on croierait plus légère, ou plus facile à supporter.


Voici un lien montrant la phase 2 de l'intervention, avec schémas et film de la chirurgie : link 

 

(attention : il y a des images de chirurgies qui peuvent être choquantes)

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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 19:28
Le professeur qui me suivait, devant mon peu d'enthousiasme face à la nécessité de l'intervention m'avait promis une chose : on en enlèvera le moins possible. d'ailleurs, le rectum, "on le garde. Ca ne se fait pas trop dans la pathologie que vous avez. Vous ne serez pas guérie, vous aurez toujours des rectorragies et des faux besoins, mais on arrivera facilement à soigner ces 10 cm. Vous êtes jeune, vous n'avez pas encore d'enfant, il vaut mieux le garder".

Voila, tout était dit. Sans mon rectum, la question de ma maternité poserait difficulté. Quelle idée aussi de ne pas être déjà maman à mon âge... Le problème ne se serait pas posé... Car la chirurgie pelvienne par laquelle on est obligé de passer quand on procède à une ablation du rectum cause une infertilité conséquente et ce pour deux raisons, d'après ce que j'ai compris : les organes génitaux changent de position et ne sont plus adéquatement placés pour la fécondation (la loi de l'apesanteur obligeant les organes génitaux à s'affaisser) et la cicatrisation de la chirurgie crée des adhérences qui réduisent le diamètre des trompes de fallope, voire les obstruent, et aucune fécondation par voies naturelles n'est alors possible.

Attention, les statistiques ne disent pas que la femme opérée ne peut plus avoir d'enfants, car les organes génitaux en tant que tels ne sont pas touchés par la chirurgie. Elles disent juste qu'il leur faut beaucoup, mais alors beaucoup plus de tentatives pour être  fécondées, et que le recours à la procréation médicalement assistée est alors beaucoup plus fréquent.

Et moi, ben la chose que je désire le plus au monde est d'être mère. Imaginez alors ma tête quand on m'a annoncé tout cela.

Bon de toutes manières, la question ne se posait pas encore puisque le gastro entérologue était formel : on conserve le rectum.

Sauf qu'après ma première intervention, je n'ai eu que peu de répit. En effet, très vite, au bout d'un mois et demi, les hémorragies ont repris. Certes, pas avec le même débit qu'avant l'intervention, mais régulièrement. Elles étaient accompagnées de douleurs, de besoins qui ne pouvaient être que faux, vu que mes matières s'évacuaient par la stomie...

Les spasmes furent de retour. J'ai craqué quand une fois j'ai saigné dans ma culotte au supermarché, faute d'avoir trouvé à temps des toilettes... J'ai passé aussi une partie du réveillon de Noël aux toilettes, alors que je m'étais vraiment décarcassée pour préparer le repas... qui était fort bon par ailleurs, enfin pour ce que j'ai pu en manger, vu que les spasmes m'avaient coupé l'appétit !

Cela m'a décidé à rappeler le docteur. Je suis repassée sous Pentasa®, en suppositoire, puis en lavement. Je ne devais alors mettre que la moitié du produit vu qu'il ne se diffuserait plus que sur l'ampoule rectale. Et comme l'efficacité du traitement n'était que partielle, j'ai ajouté dans le lavement de la cortisone en solution.

Là, j'eus un résultat convenable. Mais qui n'a pas duré. En effet, dès que je tentais d'espacer les prises de cortisone, les saignements reprenaient de plus belle...

Mi-janvier, je revoyais le chirurgien, qui me conseilla de refaire un examen, une coloscopie courte, pour vérifier l'était du rectum. Il n'était pas pour que je le garde, depuis le début, mais mon gastroentérologue voulait lui tenir tête. "Laissez le parler", m'avait il dit "on va faire l'examen pour lui faire plaisir, mais on le gardera" !

Trois jours plus tard, j'étais sur la table de coloscopie. La tête de mon gastro-entérologue ne m'indiquait rien de bon. Tout le haut était abîmé. Jusqu'aux 8 derniers centimètres, qui eux n'étaient pas sains, mais en meilleure forme que tout le reste, puisque directement accessiblels par la cortisone.

"Je ne sais pas s'il va tenir le coup votre rectum".

Tout s'est écroulé pour moi.

Depuis le début pourtant je savais qu'il faudrait l'enlever, mais c'était pour plus tard, pour me débarrasser de la maladie et pour éviter toute dégénérescence en cancer - car le risque chez les personnes atteintes de RCH est multiplié -. Et puis je me raccrofchais à l'espoir d'une guérison spontanée, ou à tout le moins d'une rémission un peu plus longue que les dernières fois.

Mais si même mon gastro entérologue doutait de l'opportunité de le garder, il allait falloir que je repense les suites des opérations. Parce que le retirer impliquait de sacrées modifications dans le planning que je m'étais fait : on ne retirerait pas la stomie en  février comme prévu, mais encore deux ou trois mois plus tard. Et puis, j'allais subir une autre intervention aussi lourde que la première, peut être encore plus délicate, techniquement. Quatre à six heures de plus sur le billard, ça compte.

Si je prenais la décision de le garder, il fallait que j'envisage le scénario selon lequel une nouvelle poussée forte pourrait me faire hospitaliser à nouveau en urgence après la remise en continuité et alors, je pourrais retrouver mon statut de kangourou  beaucoup plus tôt que prévu (l'espérance de vie de mon rectum était de  à 5 à 10 ans au départ, et était réduite à un an avec ce dernier examen). Si c'était pour tout recommencer dans six mois, ce n'était peut être pas la peine de surseoir à l'intervention. Et puisque j'étais dans une phase opératoire...

J'ai beaucoup pleuré. J'ai vu le chirurgien dans la foulée qui m'a conseillé l'ablation, et qui m'a indiqué que, d'en tout état de cause, vu l'état des tissus, il ne fallait pas envisager une remise en circuit tout de suite. Il faudrait compter encore deux temps : la fabrication du réservoir, puis le temps de la cicatrisation s'étant écoulé, la remise en circuit.

Donc de toutes façons, j'allais repasser deux fois sur le billard. J'ai encore beaucoup pleuré. Car même si je m'étais accoutumée à ma vie avec une poche, j'étais contente d'approcher de la délivrance. Et là, ce ne serait pas possible pour le moment.

La décision m'appartenait. L'enjeu était important, car outre la fécondité, conserver ou non son rectum a une incidence certaine sur le résultat final de l'anastomose. Avec un rectum naturel, on a moins de selles par jour, et elles sont moins acides, car la fonction digestive est allongée d'autant de centimètres... Je craignais l'incontinence, surtout que j'avais subi, dans le passé une sphinctérotomie. Je ne faisais pas confiance à mes sphincters. Sans compter que l'erreur de diagnostic dans les MIICI est assez fréquent, et qu'il y a des maladies de Crohn qui se déguisent très bien en recto-colite. Et le mode opératoire pour les maladies de Crohn et les RCH n'est pas le même : si l'on retire tout l'organe malade dans le cadre de la RCH, on cherche le plus possible à épargner les morceaux d'organes sains dans la maladie de Crohn. Donc en cas d'erreur de diagnostic, les conséquences d'une ablation du rectum pouvaient être désastreuses...

Et malgré tout, j'avais l'impression qu'on me laissait seule face à cette décision, sans réel conseil, sans réelle ligne de conduite... J'ai consulté un autre spécialiste sur Paris pour tenter d'être le plus clairvoyante possible. Il a confirmé après m'avoir ausculté et rassurée sur mes capacités de rétention, ce que m'avaient laissé entendre le chirurgien, mon gastro-entérologue et mon généraliste : il faut l'enlever.

Dans le train pour arriver, (oui, la fois de la fameuse fuite dans le train) je m'étais dit que j'arrêterai de réfléchir après la consultation. J'ai pris alors le taureau par les cornes et ai pris la décision de l'enlever.

Ce fut une période difficile que je vécus alors, jusqu'à l'intervention, puisque j'imaginais les suites, sans réellement les connaître. Je m"imaginais déjà stérile, vieille et en permanence gênée par des selles nombreuses, mais je mettais également beaucoup d'espoir dans la chirurgie à venir : j'allais enfin voir le bout du tunnel.

Je fus opérée le 18 février 2007. L'opération se déroula sans difficultés.





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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 14:27
Je me suis réveillée le 20 septembre 2007 avec un morceau de l'intestin collé sur le ventre, intestin qui n'hésitait pas à me cracher mes excréments à la figure, de jour comme de nuit. Et s'il s'arrêtait, c'était très embêtant...

Passée l'horreur de la découverte, passées les premières douleurs de reprise du transit, passées les nouvelles sensations bizarres d'évacuation des gaz par le ventre, il a bien fallu vivre avec. Pendant 9 mois.

On m'avait parlé de ne la garder que trois mois. Mon corps en a décidé autrement.

Dans un premier temps je comptais les jours, et les semaines, comme on fait un compte à rebours : plus que 9 semaines avant janvier. Et puis j'ai réalisé que c'était un mauvais calcul : les autres malades que je pouvais lire sur internet avait tous gardé la poche plus longtemps. Alors, passé le rejet et les larmes et l'envie de tout arracher, j'ai apprivoisé cette poche, et cette stomie. Ce bout d'intestin, j'allais devoir le toucher, le nettoyer, le soigner... presque l'aimer.

 Je voulais un infirmière au quotidien, pour les soins. Et puis, comme elle était plus nulle que moi, et surtout qu'elle faisait moins attention que moi (ben oui c'était pas elle qui souffrait si la poche était mal placée) je me suis vite passée d'elle !

Il y a des précautions à prendre quand on a un anus artificiel, pour que tout se passe bien. D'abord, il faut se protéger des fuites, car rien n'est plus génant que de s'apercevoir au milieu d'une réunion ou d'un repas au restaurant que des selles sont en train de se répandre sur son ventre ! Et puis il faut protéger sa peau, parce que les selles sont très acides et ont la facheuse tendance à agresser les tissus qui sont fragiles. J'ai eu plusieurs fois la peau à vif. C'est très douloureux surtout quand les nouvelles selles recoulent par dessus. On peut trouver des parrades, mais il vaut mieux essayer de rester le plus sain possible.

Alors, à chaque change, il me fallait au moins une demi heure. Un quart d'heure pour changer le matériel, et un quart d'heure pour vérifier que tout est bien en place.

Et il faut tout prévoir : compresse, coton-tiges, eau, sac poubelle, pâte péristomiale, poche, support, ciseaux... Vaut mieux pas avoir oublié quelque chose, parce que c'est plutot diffiicile de devoir se lever chercher ce qui manque avec le risque qu'à tout instant, une coulée de selle se retrouve sur son ventre, et par terre.

C'était un peu contraignant, certes, mais finalement, je m'y suis vite faite. Et puis le temps qu'on ne passe pas aux toilettes, on le passe à se changer...

Il faut dire que la poche, après le cap de l'acceptation, ce n'est pas si difficile. Biensur, il faut un peu adapter sa garde robe pour être tout à fait à l'aise, bien que je pense que l'impression que l'on a que l'on va deviner la poche est plus psychologique que réelle. Pendant tout l'hiver, j'ai porté des pulls longs, et des jeans que je ne fermais pas. J'espérais vraiment être "délivrée" pour l'été, car je ne m'imaginais pas en petit haut léger ou à la plage. Mais en fait, lorsque j'ai eu l'occasion de porter une tenue de soirée, un peu plus prés du corps, j'ai pu m'apercevoir que personne ne pouvait deviner ce qu'elle cachait.

Le plus important finalement, c'est de se sentir à l'aise.

L'autre difficulté à laquelle j'ai dû faire face en ma nouvelle qualité de kangourou, c'était le poids de la poche. Au début en particulier, on a toujours l'impression que le poids des matières est problématique, on se tient mal, en avant, on soulage un peu le poids en soutenant la poche avec sa main... Je ne peux pas dire que durant ces neuf mois j'ai pu l'oublier, mais avec le temps tout de même je m'en suis accomodée et j'ai pu reprendre une position quasi normale.

Le plus rude, c'était les fuites. Les fuites nocturnes, parce qu'on n'est pas à l'abris d'un mouvement inhabituel, un peu brusque, ou d'un matériel un peu usé ou d'une position inappropriée. Alors il faut se lever à 4h du matin, se changer intégralement, se nettoyer, mais aussi changer tous les draps, la housse de couette, la couette, l'alèse... eh oui les matières liquides se répandent facilement...

Mais il fallait aussi faire face aux fuites diurnes plus ennuyeuses, car en société. J'en ai eu deux particulièrement enquiquinantes. L'une dans le train, alors que je me rendais à Paris. Et l'autre au restaurant... et là les deux fois, j'ai dû apprendre la changée expresse debout dans les toilettes publiques plus ou moins remuantes, avec plus ou moins de matériel et de tenues de rechange, avec plus ou moins d'espace, et plus ou moins de poubelles discrètes pour tout jeter après coup...

Pour cela, je suis bien contente de m'être débarrassée de cette stomie. Même s'il faut reconnaitre qu'elle avait certains avantages, comme la liberté alimentaire, la quasi absence de douleur.

Si je devais résumer ma période kangourou, je dirais "pas si terrible, finalement".

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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 17:24
Quinze jours après à ma toute première intervention qui avait eu lieu le 19 septembre dans la nuit, j'ai développé une complication.

Une terrible douleur me prit au ventre, au milieu de la nuit. J'ai cru dans un premier temps que je faisais une énième occlusion intestinale. Des gaz, et des matières allaient être tirés par la sonde que le chirurgien aurait introduite dans ma stomie, un peu d'eau, et hop, soulagée. L'infirmière de nuit crut utile de m'administrer deux Spasfons lyoc®, qui évidemment restèrent sans le moindre effet.

Le matin, j'attendais la visite avec impatience. Comme par hasard, elle tarda ce jour là, alors que les jours d'avant j'étais presque réveillée par l'équipe médicale. Enfin, ils vinrent, mais ne trouvèrent pas mon état inquiétant. Le processus de lavement comme je l'avais imaginé la veille eut bien lieu. Mais la douleur ne me quitta pas. Au contraire, elle se développait. J'arrivais davantage à la localiser, là, juste sous l'estomac. A chaque inspiration, j'avais un peu plus mal. J'étais de moins en moins capable de rester immobile dans mon lit. Mes mains se tordaient, mais jambes balançaient d'un côté à l'autre de mon corps allongé et pesant. J'appelais une infirmière. Elle m'administra une dose de paracétamol, puis plus tard, une dose de Topalgic®. Je demandais un médecin. Je l'attendis toute la journée. L'équipe soignante devait peut-être penser que j'en rajoutais ... On refusait de me donner un autre calmant, j'étais trop proche de la dose précédente. On refusait de faire venir exprès un docteur, fut il du service de gastro-entérologie, "ça ne se passe pas comme ça", m'avait dit une infirmière. Les médecins étaient trop occupés à gérer d'autres patients...

Par chance, mon gastro-entérologue vint me visiter vers 15 heures. Il me trouva anormalement algique. Il faut dire que je n'avais jamais ressenti une douleur aussi forte.

Il alerta le chirurgien qui vint vers 17 heures... Pas trop pressés de me soulager... Je crois sincèrement qu'il ne croyait pas à la réalité de ma souffrance.

C'est durant ces deux heures que j'ai souhaité mourir. Je n'avais jamais eu aussi mal de ma vie. Et je voyais mes deux parents, juste à côté de moi, morts d'inquiétude, me tenant la main, me caressant le front, essayant de m'apaiser comme ils le pouvaient avec des mots, remuant ciel et terre pour essayer de faire accélérer la visite médicale... Moi qui, jusqu'à présent, ne comprenais pas la volonté que peuvent éprouver certains malades que l'on achève leurs souffrances, voilà que j'étais en train d'espérer que ça se termine, que ma vie se termine.

Vers 17heures, donc, enfin, on se mit à imaginer que peut être ce n'était pas une simple occlusion intestinale. J'allai passer un scanner. Selon mon chirurgien, il était possible qu'une bride sur l'intestin se soit formée, et que ce soit cela qui soit douloureux.

Le scanner montra effectivement une légère bride. Il n'y croyait pas trop, mais devant l'importance de ma douleur, il fallait bien me donner une réponse. J'aurais dû repasser au bloc une heure plus tard.

Par chance, le radiologue qui avait effectué le scanner émit l'hypothèse que je sois en train de faire une pancréatite, idée qui n'avait pas effleuré le chirurgien, spécialsite du bistouri.

"Je préfère vous faire une prise de sang avant de vous amener au bloc, car il se peut, en fait que vous fassiez une pancréatite aigüe".

Heureusement qu'il a préféré. Je ne sais pas si j'aurais survécu à une anesthésie sur une pancréatite aigüe...!

J'ai cru que j'allais m'évanouir à l'annonce de cette nouvelle.

Une pancréatite, c'est très grave, et je le savais. Je savais également que c'était une inflammation du pancréas, dont on ne s'en remet pas toujours.

Une définition un peu plus précise :  c'est une inflammation du pancréas, due à une sécrétion importante et inappropriée par le pancréas de trypsine, enzyme de digestion, et qui ne peut être évacuée dans le système canalaire pancréatique vers le duodénum. L'irritation de la graisse péripancréatique par ces sécrétions provoque une « auto-digestion » et une réaction inflammatoire qui va aggraver les lésions.

Le docteur vit que je savais la gravité de la chose. Il  essaya de me rassurer. et de rassurer mes parents. Et là, je me dis que ça y était, j'étais sur la fin, j'allais mourir à 27 ans, emportée par une maladie dont on ne soupçonnait même pas l'existence quelques mois auparavant...

La prise de sang a confirmé le diagnostic. C'était sans appel, le taux de lipases et d'amylases était énorme. Il leur  fallut au moins un mois pour rentrer complètement dans la norme...

A ce moment là, l'équipe médicale s'est rendue compte de la négligence qu'elle avait commise à mon égard, car la douleur de la pancréatite est reconnue par le corps médical comme étant l'une des plus aiguës qui soit. En moins d'une demi heure (mais il était quand même dix heures du soir), un anesthésiste me rendit visite. J'allais être mise sous morphine. Je bénis le moment où enfin on installa la pompe dans mon cathéter. Deux injections ont suffi à m'endormir, et à me faire décontracter. Je pus dormir un peu, me reposer. Je restai strictement à jeun durant 5 jours, puis je me remis doucement à m'alimenter.

Depuis cet incident, j'ai peur à chaque fois que j'ai un début de douleur au niveau de l'estomac, malgré le fait que l'on m'ait certifié qu'il était rarissime de faire deux pancréatites dans sa vie.

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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 10:26
Je voudrais revenir sur la difficulté morale d'accepter une telle intervention.

En effet, depuis le mois de juillet, j'avais commencé à envisager l'éventualité. Il m'a fallu jusqu'en septembre, soit deux mois d'hospitalisation, pour m'y résoudre.

L'opération consiste en l'ablation de l'intégralité du côlon, et du rectum, sièges de la maladie. On constitue alors un réservoir en forme de J qui permettra de stocker un peu les selles. Trois temps opératoires sont nécessaires, particulièrement en poussée, ce qui était mon cas. Entre le premier et le troisième temps, on met en place un anus artificiel. On n'utilise plus trop ce terme, on parle de stomie, qui est le mot scientifique, mais peu importe, le résultat est le même : on se trouve avec un morceau d'intestin abouché sur le ventre, qui crache des selles en permanence, selles récoltées dans une poche un plastique.

J'ai vu au cours de mon hospitalisation, une dame qui partageait ma chambre, et qui avait une stomie définitive. J'ai vu, donc les inconvénients de la poche, les bruits des matières qui s'écoulent, des gaz, qu'on ne peut contrôler, j'ai vu l'obligation de vidanger la poche, plusieurs fois par jour, j'ai vu aussi les fuites que le matériel, toujours imparfait peut induire... Je ne voulais pas de cela. Il en était hors de question. C'était une atteinte à mon corps inacceptable, une déformation que je ne pouvais pas admettre.

Il fallait que j'admette d'être entamée dans mon être, et les conséquences de l'intervention, son caractère irrémédiable... le fait que je n'aurai plus jamais un transit normal par la suite... Je m'imaginais à court terme, ce qui était encore admissible, mais également à long terme. Je me suis imaginée âgée, et handicapée, ou à tout le moins réduite dans mes mouvements, et devoir aller aux toilettes plusieurs fois par jour, devoir demander à y aller, ou devoir porter des couches... Je me suis imaginée incontinente, incapable de me retenir. J'ai imaginé mes sphincters vieillir plus vite que mes autre organes, car plus sollicités. Impossible. On ne m'opérerait pas. Les crises de RCH, comme de Crohn finissent toujours par passer, c'est obligé, on n'en meurt pas. On n'en mourrait déjà pas il y a 50 ans, quand il n'y avait pas de traitement. Il fallait juste s'armer de patience.

Je suis restée campée sur mes positions, jusqu'à ce qu'on me dise qu'il n'y avait plus d'alternative. A ce moment, alors, j'ai pris des conseils auprès de mes proches. Tous me recommandaient de prendre un autre avis, car après tout, une fois qu'on m'aurait coupée, on ne pourrait pas revenir en arrière. Je fis part évidemment à l'équipe médicale de cette décision. Et à ma grande surprise, si les assistants et internes comprenaient très bien cette démarche, et m'encourageaient dans cette voie, mon Professeur, chef de service, vint me trouver dans ma chambre, me menaçant de refuser de me soigner, si je ne lui faisais plus confiance.

J'étais complètement désorientée, par cette réaction narcissique, à laquelle je ne m'attendais pas du tout. J'étais déjà perturbée, blanche comme un linge, fatiguée et perdue... Après cela, je fus complètement à côté de mes pompes, démoralisée, ébranlée et instable. Je pleurais déjà beaucoup avant, alors là, j'étais une fontaine. Ne pouvait il pas se mettre à ma place juste un instant ?

J'ai compris par la suite que cette réaction avait été induite par la réelle inquiétude qu'avait mon médecin à mon égard : j'étais très anémiée et hors d'état de faire de voyage vers un autre professeur spécialisé dans les MICI, car il n'était pas question que j'aille prendre l'avis du premier gastroentérologue de quartier. Non, j'avais pour intention de traverser la France, en train ou en avion, pour aller trouver les plus grands pontes en la matière.

Deux ou trois jours plus tard, alors que mon professeur n'était pas venu me visiter depuis l'esclandre qu'il m'avait fait, je demandai à le voir, pour discuter avec lui. Je savais que j'étais dans mon droit, et que ma réaction était plus que légitime. Mais je savais aussi qu'il était l'un des plus qualifiés de France en la matière. Je savais qu'il ne se trompait pas, mais j'espérais malgré tout...

Je lui expliquai tout cela, que je ne le remettais pas en cause, je le flattais un peu pour arrondir les angles... Je lui disais que j'avais absolument besoin d'être rassurée, parce que je ne voulais pas me dire un jour, "si j'avais su..."

Il consentit que c'était une décision difficile à prendre, mais qu'en l'espèce, il n'y avait plus le choix.

Par ailleurs, on m'avait informée des conséquences de l'intervention sur ma vie future de femme, et de mère. Je savais qu'une telle intervention diminuerait fortement ma fécondité. Et devenir mère est la chose que je désire le plus au monde... Devant le peu de compassion que je rencontrai à ce sujet, j'étais encore plus perdue... Le chirurgien m'avait simplement dit, sur un ton dédramatisant "hé bien, vous ferez une fiv, et c'est tout !" J'ai éclaté en sanglot intérieurement, car je ne pleure pas devant les gens.

Une FIV et c'est tout ! facile à admettre ça quand on a 27 ans, et qu'on n'a pas encore réellement essayé de concevoir. Sans compter les voies d'accouchement par la suite : césarienne obligatoire pour préserver la chirurgie... je ne pouvais pas accepter cela. Même s'il y allait de ma vie.

Pourtant, j'essayais de me raisonner, de me dire qu'il valait mieux que je me fasse opérer et que j'ai une chance de me poser la question de la procréation, plutôt que je meure, là, maintenant, tout de suite... L'idée faisait son chemin, lentement, mais surement. Et puis il fallait que je me rende à l'évidence, je n'allais pas bien, je saignais toujours beaucoup, j'étais livide, sans force, et je ne constatais aucune amélioration objective. Mes analyses étaient toujours alarmantes...

Quand on m'a opérée, j'avais presque accepté. Pas complètement, mais mieux, grâce à la visite d'un autre docteur, une femme, gastroentérologue, travaillant dans le même service.

L'équipe avait-elle eu peur que je me retourne contre le praticien, personne ayant autorité, pour ses propos particulièrement malvenus, envers une personne particulièrement affaiblie ? Le chantage aux soins qui m'avait été fait avait peut-être fait des échos... ma position professionnelle me permettait d'envisager facilement un procès... (notez que l'idée ne m'a même pas traversé l'esprit !) ou bien la conscience professionnelle avait repris le dessus... Je n'eus pas d'excuses de mon professeur. D'aucuns pensent que j'y avais droit. Mais j'interprétais le fait qu'il ait envoyé son assistante comme une démarche vers moi. La doctoresse, comme un porte parole m'a expliqué la réaction de celui que j'appelais alors "le Duce", sa crainte qu'à trop attendre je risquais d'y passer, qu'ils avaient déjà eu l'expérience dans le service, et qu'on redoutait à présent très fort que cela m'arrive.

"-On conservera votre rectum, m'avait on affirmé. De cette manière, vous n'aurez pas de problème de procréation. Vous ne serez pas débarrassée de la maladie, il faudra continuer de vous soigner, mais sur 10 cm, on y arrivera.

Souhaitez vous rencontrer quelqu'un qui a subi cette intervention ?

- Oui, ça pourra me donner une idée plus réelle des contraintes à venir".

Le lendemain, il était là. Il m'a dépeint un portrait idyllique de sa nouvelle vie, dans laquelle il passait quelques quart d'heures par jour aux toilettes, mais sans urgence, sans douleur et sans danger. Quatre fois par jour m'avait il dit, sans régime alimentaire particulier. Je l'ai cru. Finalement, je me suis résolue à aller aux toilettes plus, après tout, quand j'irai faire pipi, je ferai juste un petit peu plus.

Le phénomène de maturation n'était pas complet quand on m'a opérée, mais je n'avais plus le choix. Pas le temps d'aller à Paris ou à Lille. Opérée d'urgence, après un mois et demi d'hôpital, en plein milieu de la nuit...

A mon réveil, je vis cette horrible poche en plastique transparent sur mon ventre, et je me familiarisais avec cette nouvelle sensation qu'était l'évacuation des matières par le ventre, les spasmes, les gaz... Je pleurais comme une fontaine. Je voulais tout arracher... Et quelle réaction quand l'infirmière me la retira pour la première fois ! je vis alors mon intestin sorti, juste à portée de la main... Il allait me falloir plusieurs semaines avant de l'accepter. Mais le processus de maturation allait prendre du retard : j'étais en train de faire une pancréatite, et personne ne le voyais... Je me tordais de douleur. On pensa d'abord à une occlusion intestinale, puis à un problème de bride... Heureusement pour moi que le radiologue émis cette hypothèse de la pancréatite. Sans cela, je ne serais plus là aujourd'hui pour en parler...

A ce moment, j'étais tellement algique que la poche ne me préoccupait plus. Je ne pouvais plus bouger. J'allais repartir pour 15 jours d'hospitalisation à nouveau, alors que la veille, on envisageait de me faire sortir...

Je n'ai toujours pas aujourd'hui admis l'intervention. Je ne peux toujours pas me tâter le ventre, j'ai peur que le montage ne se "casse"... Et je m'imagine toujours vielle, et sans équilibre à devoir demander à aller aux toilettes...
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10 mai 2008 6 10 /05 /mai /2008 09:45
J'entrais donc à l'hôpital en catastrophe à la fin du mois de juillet, avec à l'esprit que je resterai encore une semaine, comme les deux fois précédentes, et que je ressortirais avec un traitement adapté. Pourtant, l'ombre de l'intervention chirurgicale planait déjà au dessus de ma tête. Quand j'avais parlé au docteur qui remplaçait mon praticien, celui qui m'avait dit que tant qu'il n'y avait pas de fièvre, il n'était pas urgent d'intervenir, il m'avait balancé par téléphone qu'il faudrait peut être envisager la chirurgie, faute de traitement efficace. Cela m'avait complètement bouleversée, parce que quelques semaines avant, j'évoquais moi même ladite intervention avec le professeur qui me suit, et celui-ci, confiant, m'avait répondu que ce n'était pas à envisager pour le moment, mais alors, pas du tout ! On n'avait pas plus abordé le sujet que cela. Je me sentais mieux à ce moment là, et j'avais soulevé la question que par pure curiosité.

Bref, me voila donc à l'hôpital, en train de subir une coloscopie, celle qui montra l'étendue des dégâts. L'interne se chargea de m'annoncer la nouvelle, de but en blanc. "Mademoiselle, vous présentez une colite grave, et il y a 99 chances sur 100 que l'on vous opère en urgence, là, dans les deux trois jours à venir". Je ne savais rien de l'intervention. Mais les quelques informations qu'elle me donna alors me firent froid dans le dos.

J'allais alors commencer une résistance absolue à l'opération.

Le professeur qui remplaçait le mien tenait à effectuer un prélèvement, et à l'envoyer à l'analyse, pour voir si un virus quelconque n'aggravait pas la situation. Quelques jours après, bingo ! j'étais atteinte du cito mégalo virus. Loin de m'inquiéter, cette nouvelle me réjouit : si c'était le CMV, cela voulait dire que la "crise" n'était pas due à la maladie elle-même, et qu'il suffirait de soigner le CMV pour  faire reculer la poussée. Logique simpliste, certes, mais qui avait le mérite de me rassurer. Je me demandais alors comment faire pour éviter de rester 20 jours à l'hôpital, 20 jours nécessaires à la prise d'antibiotiques qui ne pouvait se faire que par intraveineuse... 20 jours, même pas un tiers du temps que je suis restée en réalité !

Je ne pouvais admettre l'idée de l'opération et déjà, j'affirmais haut et clair que non, je ne me ferais pas opérer.

Heureusement, le professeur de remplacement prit le temps de discuter avec moi et m'assurait qu'il y avait un autre traitement à essayer, la ciclosporine, qui pour être agressif envers l'organisme, avait le mérite d'être efficace dans 80 pour cent des cas. L'ombre du bistouri s'éloignait donc et je prenais comme une délivrance le liquide empoisonné qui coulait douloureusement dans mes veines.

J'espérais. Je voulais voir mes selles diminuer, mon sang se tarir. Je voulais y croire. Un jour, après une semaine de traitement, je n'eus que deux selles sanglantes. Je m'empressais de rapporter cela aux médecins, qui jugèrent alors que j'avais reçu suffisamment de poison. Ils décidèrent de suppléer à la perfusion par des médicaments. Mais attention, m'avaient ils prévenu, il se peut qu'il faille un temps d'adaptation certain avant de trouver le bon dosage. En effet, si la substance est bien tolérée en intraveineuse, elle est beaucoup moins bien assimilée en comprimés.

Peu importait, je savais bien que ça allait marcher. Tout de même, 80 pour cent de succès, ce n'est pas négligeable. Ce ne serait vraiment pas de chance que ca ne marche pas sur mon cas...

Au fur et à mesure que les jours passaient, le nombre de selles par jour réaugmentait. 3, puis 5, puis 8... toutes sanglantes. La nuit aussi... Je parlais alors à mon intestin, le suppliant de se rétablir, lui expliquant que sans cela, il faudrait le supprimer. En vain, évidemment.

On tentait d'adapter les doses, trop, trop peu... sans effet.

Pourtant, je voulais y croire. Je me répétais à longueur de journée que mes ulcères était en train de cicatriser, et je faisais mon maximum pour me donner l'impression que je réduisais mon nombre de selle quotidien, quitte à subir quelques accidents.

Mon professeur rentra de congés. Il demanda que soit mise en oeuvre une autre coloscopie, pour qu'il puisse juger par lui-même l'étendue des lésions. Il fut catastrophé et ne manqua pas de me le dire.

J'étais ébranlée par cette nouvelle, moi qui voulait absolument croire à une rémission, moi qui croyais dur comme fer qu'il allait m'annoncer une amélioration, imparfaite, certes, mais significative.

"Il va falloir vous opérer, Audrey".
"Hors de question, je veux rester entière, je sais que cette maladie est chronique et qu'il se peut qu'après cette poussée, on n'en entende plus parler pendant des années".
"Ca ne se passe pas comme cela dans la plupart des cas. Je vous donne encore une dizaine de jours, si ça ne va pas mieux, il faudra."

Me revoila sous ciclosporine intraveineuse. Je pleurais tous les jours à ce moment là. Je ne voulais pas envisager de ne pas guérir. Je parlais de plus belle à mon colon. Je lui disais que, s'il n'y mettait pas du sien, ce serait peut être l'une des dernières fois qu'il servirait.

Parallèlement, j'apprenais la grossesse d'une de mes cousines. Elle attendait des jumeaux. Et je l'imaginais se remplir de vie, alors que moi j'allais être vidée d'une partie de moi... et je pleurais...

Le traitement était inefficace. Mon état s'était stabilisé : 7 selles par jour + 1 ou 2 ou 3 la nuit. C'était trop. Je passais encore un examen ne montrant aucune amélioration.

J'avais entendu parler d'un autre traitement, efficace dans la maladie de Crohn, l'Humira. On hésitait encore il y a quelques semaines sur l'identité de mon atteinte. Je suppliais le Docteur d'accepter d'essayer. Pour me satisfaire il accepta, sans trop y croire. Le lendemain, miracle, trois selles. Moins de sang. J'y ai cru. J'obtenais une autorisation de sortie pour la journée. A peine arrivée chez moi, une douleur me prit sous l'estomac. Une douleur vive. J'étais très fatiguée, et je demandais à me faire raccompagner plus tôt que prévu.

Je voyais le soir même le chirurgien, qui m'indiquait que la palpation ne lui plaisait pas, qu'il allait devoir m'opérer, qu'il en allait de ma survie : si je faisais une perforation de l'intestin, avec la dose de ciclosporine que j'avais dans le sang, je risquais fort d'y passer.

Je dus me résigner, et me fis opérer le 19 septembre 2007, au milieu de la nuit.

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Présentation

  • : Le blog de audrey a
  • : Je viens de subir une chirurgie lourde et éprouvante, suite à une recto-colite hémorragique, une maladie chronique de l'intestin. Ce blog a pour objet de faire partager les différents sentiments, les centaines de questions que j'ai pu me poser depuis l'aggravation de la maladie. Je ne suis pas médecin, et ne détiens aucune autre connaissance que celle que mon expérience propre m'a permis de vivre. Puisse ce recueil de pensées, de questions, de doute, d'état d'âme et d'espoir être utile à d'autre
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