Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit, parce que je voulais annoncer une bonne nouvelle. J'attendais des résultats. Et c'est chose faite : ma carrière va redémarrer, non pas en tant qu'avocate, mais en tant qu'inspecteur à la DGCCRF. C'est une administration qui veille à la sécurité des consommateurs, et à l'application des règles du marché, concernant la concurrence et la consommation. Cela fait longtemps que je savais que j'étais faite pour travailler dans cette branche, mais le concours fait beaucoup d'appelés et très peu d'élus. Cette années, seulement seize places proposées au concours. Je m'y étais inscrite, et puis au moment de passer la première épreuve, je ne me sentais pas prête, en comparaison de ceux, par dizaines, qui avaient préparé ce concours depuis des mois ; alors je ne m'y suis pas présentée. Mais il y a quelques semaines, à tout hasard, je me suis remise à chercher, les recrutements sans concours réservés aux travailleurs reconnus handicapés. Que si au moins ma maladie pouvait avoir un avantage, je puisse le saisir. Il y avait effectivement une offre en cours pour la DGCCRF et aussi une pour l'inspection du travail. J'ai postulé aux deux. Mon dossier a été retenu pour les deux et j'ai passé deux entretiens d'embauches. J'ai réussi aux deux ! Autant dire que je sautais au plafond ! Surtout que l'inspection du travail m'intéressait, mais ce n'était pas réellement mon domaine de prédilection. Alors quand j'ai eu la réponse de l'autre administration, j'étais aux anges !
J'avais vraiment besoin de retrouver confiance en moi, alors que j'avais vécu plusieurs échecs professionnels, plusieurs entretiens infructueux, et je doutais beaucoup de mes capacités à me réintégrer. Ces succès m'ont fait un grand bien au moral. Lors d'un des entretiens, au cours desquels j'expliquais ma très grande motivation pour le poste, l'un des membres du jury m'a demandé pourquoi je n'avais pas passé le concours, car disait elle au regard de mon parcours, j'aurais pu réussir. J'ai répondu, très honnêtement, que d'une part, je ne m'estimais pas tout à fait prête pour réussir un tel concours, et que d'autre part, moralement, j'aurais eu du mal à accepter un nouvel échec. Je me suis vu répondre sur un ton entendu : "Vous avez eu peur de l'obstacle en somme !". Cela m'a piqué au vif, et j'étais touchée dans mon amour propre. J'avais de ce fait très fortement envie de répondre sur le ton insolent qu'impliquait une telle question. J'ai respiré un grand coup, et j'ai dit, sur un ton sec : "Si vous saviez le nombre d'obstacles que j'ai déjà traversés..." J'ai senti une grande gêne sur le visage de la questionneuse, et j'avais retourné l'opinion des deux autres membres, qui semblaient dire dans leurs regards à l'autre femme : "n'oubliez pas que ce ne sont pas des étudiants tout à fait comme les autres". J'étais drôlement fière de moi de ne pas m'être écrasée. J'ai quand même craint d'avoir dit quelque chose qui aurait pu jouer contre moi. Il faut croire que cela n'a pas été le cas.
Je pars en septembre pour un an à Montpellier, et ensuite, direction la capitale pour mon premier poste ! Moi qui n'ai encore jamais quitté la cité phocéenne, je mets beaucoup d'espoirs dans ces changements. J'aspire à être heureuse, et je crois que je suis prête à accueillir le bonheur ! Il était temps !