Depuis un mois, me revoilà étudiante... 6 ans après avoir quitté les bancs de la fac, me revoici en formation pour un an...
Le barreau, je ne peux plus, je ne veux plus... je le tiens pour responsable de l'aggravation de ma maladie, de son accélération... quand je retourne à mon bureau tout neuf pour récupérer un document, ou traiter une petite affaire confiée par un proche, ou faire ma comptabilité annuelle, l'angoisse me monte, ma gorge se serre, j'ai envie d'une seule chose : partir en courant...
Alors, j'ai fait des demandes d'emploi dans des sociétés privées, en qualité de juriste, mais sans succès...
Donc, plutôt que de passer une année de plus à ne rien faire, dans l'espoir de trouver un emploi qui me corresponde mieux, j'ai décidé de spécialiser mes connaissances. Et me voila en classe, avec une trentaine d'autres étudiants, à peine majeurs pour la plupart.
Ma rentrée fut très contradictoire... J'étais à la fois ravie de reprendre une activité, et de retourner à la fac, environnement rassurant que je connais bien, et en même temps très touchée de "retourner en arrière"... touchée dans mon amour propre, moi qui ai toujours tout réussi dans ce domaine, sans la moindre année de retard... Avec le temps, je me suis habituée à l'idée, et les jeunes des ma promo sont vraiment agréables et drôles...
Ce qui me gêne le plus, finalement, c'est cette fatigue que je ressens encore si souvent... Je n'ai cours que trois jours par semaine, et je dois me lever à 7h, ce qui n'est pas particulièrement tôt... L'heure du réveil est très difficile à vivre, je ne peux me lever, je reste au lit le plus longtemps possible... le premier jour des trois, j'arrive difficilement à être efficace en cours. Le second jour, un peu moins, le troisième jour, je m'endors physiquement... c'est affreux cette sensation que votre corps ne vous répond plus... je lutte pour garder mes yeux ouverts, malgré l'intérêt que je peux porter à l'enseignement dispensé, je sursaute au bruit d'un camarde qui tousse... je prends la bras qui bouge de ma camarade de devant pour mon chat et je manque de le caresser, avant de réaliser, dans un sursaut, que je ne suis pas sur mon lit... En rentrant à la maison, je ne peux rien faire d'autre que m'allonger, dormir, et aller aux toilettes évidemment... Ah oui, et puis, je suis en retard, tout le temps... Je pars toujours à la bourre, très très juste...
Jamais je n'avais ce type de réaction avant la maladie, même si j'ai toujours été une grosse dormeuse... je crains parfois à présent de m'endormir au volant...
Car ce paramètre n'est pas à négliger ! Les trois selles par jour que j'arrivais à comptabiliser il y a quelques semaines sont de loin dépassées, maintenant que je dois me lever, et m'activer dès le matin. Je dois souvent utiliser les toilettes de la fac, m'éloigner le plus possible du groupe, pour éviter qu'ils entendent les bruits, et Dieu sait qu'ils s'entendent, jusque dans le couloir... alors, le temps de revenir en classe, car je ne fais plus ces choses là en trois minutes, le cours a souvent déjà repris... c'est terriblement embarrassant : j'ai l'étiquette de la fille qui est toujours en retard. Mais ce n'est pas si grave... Et puis j'ai si souvent mal... Rester assise pendant 7h d'affilié n'est pas la position la plus confortable et fort souvent dès 15 h, de violentes douleurs gazeuses se font ressentir, pour ne plus me quitter jusqu'au soir, alors même que j'ai dégrafé mon pantalon...
Tout me parait difficile, chaque contrainte, un mur à escalader...
Alors, qu'en sera-t-il de ma place au sein d'une entreprise privée, où on attendra de moi performance, célérité, réactivité ? Où j'aurais sur le dos une hiérarchie ? où la bonne marche de l'entreprise toute entière reposera sur mes épaules tremblantes ?
Qu'en sera t il des jours où je serai fatiguée, en épisode de diarrhée, comme en ce moment, et où je devrais manquer mon travail ?
Ne devrais je pas revoir mes prétentions une fois de plus, vers un métier plus "plan plan" ? Je pense tenter d'entrer dans la fonction publique... pourquoi pas à l'inspection du travail ? Mon dossier de demande de travailleur handicapé est formé, je n'ai plus qu'à le déposer...
Je suis en pleine quête de mon avenir professionnel, moi pour qui tout a toujours coulé de source dans ce domaine... aujourd'hui, je suis perdue...