14 septembre 2009
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15:33
Je fais un peu de bénévolat dans une association locale, de soutien aux malades atteints de MICI. Je fais des visites à la demande des patients, et avec les bénévoles de l'association nous nous regroupons une fois par mois, pour faire le point sur la situation, les malades, nos états de santé et émotionnel...
Et cela me fait du bien... Je me sens utile, et aussi, je me sens moins seule dans le calvaire de la maladie, de la stomie, des crises, des douleurs, des cauchemars...
Oui mais... je vais de ce fait plus souvent à l'hôpital, et je vois d'autres malades, qui ont besoin que je leur raconte mes expériences ; et il faut que je les positivise ces expériences, car ils sont dans un moment critique de leur maladie, le plus souvent juste avant ou juste après une intervention lourde, et délicate... Bien que je me refuse à leur mentir, j'essaie d'édulcorer quand je suis en visite, les passages les plus difficiles à vivre de ces périodes... Je vais avant tout les voir pour leur dire la vérité du patient sur ce type d'interventions, mais aussi pour qu'ils entrent au bloc dans les meilleures conditions possibles... Alors, il faut que je les ménage un peu. Néanmoins, je me fais forte de répondre honnêtement à toutes leurs questions, même les plus embarrassantes. Et je fais évidemment des parallèles entre l'histoire du malade qui est couché devant moi et la mienne.
Et puis je vois aussi des malades avec plus d'ancienneté que moi, et l'évolution parfois bonne parfois moins bonne de leur pathologie... ce qui ne manque pas de retentir sur mon humeur.
"tu sais audrey, je ne sais pas si c'est très bon que tu fasses cela... Tu devrais essayer d'oublier, ce n'est pas très bon de ressasser le mauvais, cela t'emêches de penser au bon..."
C'est une gentille phrase pleine d'attention, n'est ce pas ? Et puis, c'est vrai, il faudrait peut être que j'essaie de tirer un trait sur le passé, aujourd'hui, près de deux ans après ma première ablation... Il faudrait que j'oublie...
Oui, mais moi, je n'ai pas envie d'oublier. Ces moments difficiles font partie de mon vécu intime, de ma personnalité, et ils ont transformé ma façon de voir les choses, toutes les choses... Ils sont responsables de la modification profonde de ma vie, et tous les jours je pense à tout cela... Alors non, je n'ai pas envie d'oublier qu'avant cet épisode, j'avais une vie normale, que cet épisode m'a plongée dans une profonde detresse physique et psychologique, et qu'aujourd'hui, je suis handicapée. Je refuse de nier la cause de ce handicap, en oubliant ces épisodes douloureux. J'y pense en relativisant chaque nouvelle douleur, chaque nouveau problème. Rien n'a encore été pire que cette période, alors aujourd'hui, y repenser m'aide à admettre que ma vie, loin d'être rose, n'est pas noire non plus.
Je n'ai pas envie d'oublier. J'ai besoin de ne pas oublier.
Et cela me fait du bien... Je me sens utile, et aussi, je me sens moins seule dans le calvaire de la maladie, de la stomie, des crises, des douleurs, des cauchemars...
Oui mais... je vais de ce fait plus souvent à l'hôpital, et je vois d'autres malades, qui ont besoin que je leur raconte mes expériences ; et il faut que je les positivise ces expériences, car ils sont dans un moment critique de leur maladie, le plus souvent juste avant ou juste après une intervention lourde, et délicate... Bien que je me refuse à leur mentir, j'essaie d'édulcorer quand je suis en visite, les passages les plus difficiles à vivre de ces périodes... Je vais avant tout les voir pour leur dire la vérité du patient sur ce type d'interventions, mais aussi pour qu'ils entrent au bloc dans les meilleures conditions possibles... Alors, il faut que je les ménage un peu. Néanmoins, je me fais forte de répondre honnêtement à toutes leurs questions, même les plus embarrassantes. Et je fais évidemment des parallèles entre l'histoire du malade qui est couché devant moi et la mienne.
Et puis je vois aussi des malades avec plus d'ancienneté que moi, et l'évolution parfois bonne parfois moins bonne de leur pathologie... ce qui ne manque pas de retentir sur mon humeur.
"tu sais audrey, je ne sais pas si c'est très bon que tu fasses cela... Tu devrais essayer d'oublier, ce n'est pas très bon de ressasser le mauvais, cela t'emêches de penser au bon..."
C'est une gentille phrase pleine d'attention, n'est ce pas ? Et puis, c'est vrai, il faudrait peut être que j'essaie de tirer un trait sur le passé, aujourd'hui, près de deux ans après ma première ablation... Il faudrait que j'oublie...
Oui, mais moi, je n'ai pas envie d'oublier. Ces moments difficiles font partie de mon vécu intime, de ma personnalité, et ils ont transformé ma façon de voir les choses, toutes les choses... Ils sont responsables de la modification profonde de ma vie, et tous les jours je pense à tout cela... Alors non, je n'ai pas envie d'oublier qu'avant cet épisode, j'avais une vie normale, que cet épisode m'a plongée dans une profonde detresse physique et psychologique, et qu'aujourd'hui, je suis handicapée. Je refuse de nier la cause de ce handicap, en oubliant ces épisodes douloureux. J'y pense en relativisant chaque nouvelle douleur, chaque nouveau problème. Rien n'a encore été pire que cette période, alors aujourd'hui, y repenser m'aide à admettre que ma vie, loin d'être rose, n'est pas noire non plus.
Je n'ai pas envie d'oublier. J'ai besoin de ne pas oublier.